L’œuvre et la pensée d’Édouard Glissant sont devenues des références majeures des débats politiques, philosophiques et littéraires. Ses idées sont discutées en de très nombreux lieux de ce qu’il appelle le « Tout-Monde » : la créolisation, l’archipel, l’opacité, la relation, l’imprédictible… sont autant de figures clefs d’une nouvelle compréhension du monde. L’organisation de rencontres internationales autour de cet auteur, né en Martinique en 1928, permettra à la fois de rappeler de grands moments du XXe siècle — la décolonisation — et de relancer la réflexion sur les identités qu’il a contribué à renouveler radicalement, en débat critique avec la notion de négritude.
La reconnaissance de cet écrivain penseur, au-delà des spécialistes, s’est exercée en France avec la définition de ses archives comme Trésor national par le Ministère de la Culture en 2014. Son œuvre se compose d’une vingtaine d’essais, d’une dizaine de recueils poétiques et d’une dizaine de romans. C’est aussi sa vie que le colloque rappellera, notamment son engagement dans les mouvements indépendantistes des années 50 et 60, ses inventions pédagogiques avec la création de l’Institut Martiniquais d’études, son rôle de directeur du Courrier de l’UNESCO, ses enseignements en Louisiane puis à New York. Glissant n’est pas seulement un patrimoine et le but de ces rencontres sera de mettre en relation les continents et les archipels à partir des idées vivantes de ce créateur d’imaginaire.
2018 est une date qui croise plusieurs anniversaires : les 90 ans de la naissance d’Édouard Glissant, les 20 ans d’un célèbre colloque de la Sorbonne qui consacra la réception universitaire du poète, les 170 de l’abolition de l’esclavage en France. Au-delà des dates, ces rencontres répondront à la nécessité d’entendre des écrivains et des spécialistes à propos de cette « nouvelle région du monde » que Glissant a dessinée sur la carte des chaos contemporains.