Jacques Berque (1910-1995)
Sociologue et anthropologue, auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire et la société musulmanes, cet Algérien lie lui aussi d’une amitié profonde avec l’auteur martiniquais. Au cours des années 1960, les deux écrivains se rencontrent plusieurs fois, à Florence, Alger, et en Martinique. L’auteur de Dépossession du monde lui inspire l’Algérie enfin indépendante des aspects du monde oriental, d’arabisme, d’Afrique et de latinité mais dans une vision plus globale en même temps. Glissant témoigne de l’écrivain algérien : « Ausculteur des écarts du monde, sensible à sa diversité, soucieux d’en souligner, Jacques Berque fut le préfacier des littératures des peuples de notre temps ».
Jacques Berque accepte lui-même de présenter Le Sel noir. Sa belle préface explique le titre du recueil et l’intention poétique du poète : « Noir parce que c’est la couleur chthonienne, couleur des dedans, de l’Afrique et de la mélancolie. Sel, parce que le sel est salubre de cette salubrité ambivalente, qui ménage en nous le problème et le risque. (…) Une nature longtemps prisonnière, qui veut renaître au monde. Or, « renaître au monde est d’une épuisante splendeur » ».