Cassée d’eau de mer dans un naufrage sans fin,
La naissance du poète nous advînt par éclatement de la roche caraïbe.
Diffractant soleil marin et pensée critique,
Pour nous tous désensommeiller,
Le cône de sa lumière coiffe nos libertés océaniques,
Enfouies en surface des fathoms du renoncement.
Et la forge du maître sous le ciel français jamais ne connût de repos,
Que le combat sans rétribution de liberté,
Que le paddock républicain,
Que le corpus de la République,
Et le colonial dogme des sept mers de la laïcité.
Pas d’Indépendance nationale qui y tienne lieu de salut !
Sors de ce corps !…
Et de Tonnerre sur la Terre !
– Nous autres :
– Guerriers Kanak casqués du feu et des victoires de nos anciens sur la peur,
– Nous autres :
– Amérindiens de Guyane férus de lances rouges ; et le curare sera miel de votre enfer,
– Nous autres :
– Nègres Marrons fracasseurs de rapides, debouts solides pour la Nation,
– Nous autres :
– Tahitiens ceints d’écorces battues-vives sur le sang de la pierre,
– Nous autres :
– Marquisiens amusés du bruit des casses-têtes serviteurs des batailles d’Avant,
– Nous autres :
– Martiniquais absolus sabreurs électriques à dégager le champs, libres,
– Nous autres :
– Réunionnais nourris de piments, de braises et d’ardents chaudrons,
– Nous autres :
– Guadeloupéens aux illustres aïeux dragons mangeurs de poudre à canon,
– Nous autres :
– Guyanais révolutionnaires indivis devant celui qui possède le territoire,
– (Maître du sol pour un temps, mais fragile sur le fleuve !) et à qui appartient le Droit.
– Clamons cette clameur de mer à tout rompre sur les eaux !
– Voici notre trophée !
– Couronnés d’océanique gloire !
– Poète ! Ramasse ta forge !
– Charge et ajuste ton établi d’éclairs !
– Et Caillasse-les de soleil !
Pierre Carpentier