La Sorbonne

Écrit par Noudelmann François (Paris) Administrateur 29 janvier 2018

Sorbonne

 

Edouard Glissant découvre l’université de la Sorbonne à son arrivée à Paris en 1948, alors qu’il bénéficie d’une bourse d’études. Il est inscrit en philosophie et suit les cours de Bachelard, de Merleau-Ponty, de Wahl, d’Hyppolite, de Jankélévitch. Gaston Bachelard l’a pris en affection et le convie régulièrement chez lui pour le petit-déjeuner, au prétexte de lui faire donner des cours de rattrapage en logique par sa fille. Glissant est un des rares étudiants noirs dans cette université. Il soutient un DES avec Jean Wahl sur la « Découverte et conception du monde dans la poésie contemporaine » s’appuyant sur les poètes Paul Claudel, Jean Reverdy, René Char et Aimé Césaire.

 

Le deuxième moment de la présence de Glissant à la Sorbonne est moins universitaire que politique et culturel : en septembre 1956 s’y déroule le Congrès des écrivains et artistes noirs, à l’initiative d’Alioune Diop, Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire et grâce au soutien d’intellectuels tels que Camus, Lévi-Strauss et Sartre. Parmi la cinquantaine de participants, Glissant y côtoie, entre autres, Franz Fanon, René Depestre, Hampâté Bâ, James Baldwin et Richard Wright.

 

C’est pour soutenir sa thèse d’Etat que Glissant revient à la Sorbonne, en 1981, devant un jury composé de Jacques Berque, Jean-Pierre Faye, Jean Laude, Jean Paris et Bernard Teyssèdre. Il présente ses divers travaux sur la culture antillaise, associant l’anthropologie à la philosophie, la poésie, la sociologie et la politique. Ces textes fourniront l’essentiel du Discours antillais.

 

En 1998 est organisé un grand colloque pour célébrer les « Poétiques d’Édouard Glissant », dans la salle Louis Liard, auquel participent notamment les spécialistes et les proches de Glissant : Carminella Biondi, Célia Britton, Bernadette Cailler, Jacques Coursil, Michael Dash, Jean-Louis Joubert, Romuald Fonkoua, Lise Gauvin, Jean-Paul Madou et des personnalités de la culture, des lettres et des sciences telles qu’Adonis, Jean Bernabé, Breyten Breytenbach, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant, Assia Djebar, Cheikh Amidou Kane, René Frydman, Édouard Maunick, Nancy Mojeron, Christian Salmon, Wole Soyinka et Thor Vilhjalmsson. Ce colloque fut pour Glissant la marque d’une reconnaissance universitaire française de son œuvre.