Italie
Le premier voyage d’Édouard Glissant passa par la ville de Genova. Il y chercha les traces de Christophe Colomb, originaire de ce lieu, symboliquement devenu la source d’une idée de découverte qui mena à l’expédition vers « les Indes ». Ses impressions sont donc ambiguës, partagées entre l’admiration pour la Renaissance italienne et la distance à l’égard d’un projet aussi lourd de conséquences que la découverte/conquête de l’Amérique. C’est à Vernazza qu’il séjourne plusieurs étés de suite, au début des années 1950. Il y retrouve une bande d’artistes italiens, jeunes peintres en voie de reconnaissance : Cesare Peverelli, Emilio Tadini, les frères Somaré, Guido et Sandro, et Valerio Adami, qui n’a pas encore vingt ans et suit une formation dans les ateliers milanais. Cette petite ville située dans les Cinque Terre, une enclave balnéaire sur la Méditerranée, restera un refuge pour Glissant qui y emmènera presque toutes les femmes de sa vie.
Partageant le tropisme des intellectuels français pour l’Italie, il voyage fréquemment avec ses amis italiens en Toscane, en Vénétie, dans les îles Tremiti. Valerio Adami l’accueille régulièrement près du lac Majeur, en compagnie d’autres penseurs et écrivains, tels que Jacques Derrida et Michel Deguy. Antonio Tabucchi est aussi un fidèle compagnon du Parlement des écrivains et lui offre l’hospitalité à Lucca. Plus tardivement, lors du festival littéraire de Schio, il rencontre Claudio Magris, qui vit à Trieste et devient l’un de ses amis proches. Les artistes et les écrivains italiens auront finalement donné à Glissant une image positive de la Méditerranée dont il dénonçait, dans ses livres, la culture impériale.