La Boudeuse

Écrit par Noudelmann François (Paris) Administrateur 29 janvier 2018

 

La Boudeuse

 

En 2004, un écrivain explorateur, Patrice Franceschi, propose de mettre à disposition son bateau, La Boudeuse, un trois-mâts, et son équipage à la disposition d’écrivains pour des croisières dans le Pacifique. Les éditions du Seuil proposent alors à Édouard Glissant de diriger une collection, « Peuples de l’eau », qui publiera le récit de voyages de poètes ou de romanciers. Lors du festival du livre de Saint-Malo, « Étonnants voyageurs », le projet est lancé, et douze écrivains sont pressentis pour de telles expéditions. Jean-Marie-Gustave Le Clézio, volontaire, part en quête des cultures menacées par la mondialisation au cœur de l’océan. Il en ramène un récit, Raga, approche du continent invisible qui relate son escale dans l’île de Pentecôte au Vanuatu. Gérard Chaliand et Alain Borer réalisent aussi le projet et Glissant aimerait à son tour partir. Cependant sa santé ne lui permet plus de telles aventures et il confie à sa dernière épouse, Sylvie Sémavoine, le soin de voyager à sa place et de rapporter des témoignages et des images du lieu qu’il a choisi : l’île de Pâques. Il voyage ainsi par procuration et commente les paysages et les fameuses statues monumentales, les moaï. Il publie finalement La Terre magnétique, les errances de Rapa Nui, l’île de Pâques, accompagné par des dessins de Sylvie. En citant Rapa Nui, le nom de l’île, dans sa langue polynésienne il rend hommage à Pablo Neruda qui avait écrit des poèmes en référence au même lieu. La dernière phrase du texte de Glissant, « rien n’est vrai, tout est vivant », fait écho à celle de Neruda, « la vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité. »